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Blessures sportives : qui est responsable?

par 14 Mai 2025Affaires

Un tacle mal maĂźtrisĂ©, un entraĂźnement trop intensif : dans l’univers du sport professionnel, la responsabilitĂ© civile des acteurs (sportif et du club) devient un enjeu majeur. Halt Avocats vous propose un panorama de la jurisprudence rĂ©cente rendue sur ce type de contentieux, pour vous permettre d’anticiper et Ă©viter les risques.

Blessure pendant la pratique sportive : Ă  qui la faute?

La responsabilité personnelle du sportif

La responsabilité du sportif en cas de blessure infligée à un tiers

Le sportif professionnel, mĂȘme en pleine action de jeu, n’est pas Ă  l’abri d’une mise en cause personnelle lorsqu’il blesse un tiers. Lorsqu’une action de jeu sort du cadre des rĂšgles ou implique un excĂšs d’engagement, la responsabilitĂ© civile du joueur peut ĂȘtre engagĂ©e personnellement.

Il y a trois conditions :

  • la faute commise doit ĂȘtre intentionnelle (on entend par lĂ  une manoeuvre dangereuse excĂšdant les risques normaux acceptĂ©s dans la pratique du sport) : par exemple, on ne saurait reprocher Ă  un boxeur de porter des coups Ă  son adversaire.
  • la faute commise doit ĂȘtre suffisament grave
  • elle doit porter atteinte Ă  la sĂ©curitĂ©/l’intĂ©gritĂ© physique de la victime

C’est le cas notamment d’un tacle en futsal ayant causĂ© une double fracture (cheville et pĂ©ronĂ©) : la cour d’appel de Pau a considĂ©rĂ© que le geste, constitutif d’une faute grossiĂšre, n’entrait pas dans le cadre du jeu, engageant la responsabilitĂ© civile du  joueur (CA Pau 15 octobre 2024, n°23/00517) ; pour un arrĂȘt en sens contraire, voir CA Pau, 7 juin 2022, n°19/02504

Il convient d’examiner le cas plus particulier de la force majeure, qui est exonĂ©ratoire de responsabilitĂ© pour autant qu’elle est rĂ©ellement imprĂ©visible, irrĂ©sistible, et extĂ©rieure Ă  l’auteur.

Or, les juges ont tendance Ă  rĂ©duire l’application de la force majeure aux compĂ©titions sportives. Par exemple, dans le cas d’un accident de ski-cross lors d’une collision, la Cour de cassation a refusĂ© d’y voir un cas de force majeure, jugeant que ce risque Ă©tait prĂ©visible en compĂ©tition (Cour de cassation, 19 septembre 2024, n°23-10638).

👉 Ce qu’il faut retenir : la protection offerte par le principe d’acceptation des risques a ses limites. Un geste jugĂ© dangereux ou un comportement dĂ©loyal peut exposer le sportif Ă  engager sa responsabilitĂ© et in fine, Ă  rĂ©paration financiĂšre.

La responsabilité du sportif concernant ses propres blessures

Le joueur blessĂ© peut, lui aussi, adopter un comportement fautif susceptible d’entrainer son Ă©viction.

Analysons sur ce point la dĂ©cision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence (arrĂȘt du 25 avril 2025, RG n° 22/01705), confirmant un jugement du conseil de prud’hommes de Marseille qui avait validĂ© la rupture anticipĂ©e du contrat Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e (CDD) d’un footballeur professionnel pour faute grave.

⚖Les faits

  • Le joueur Ă©tait blessĂ© au pied droit et devait suivre un programme de soins imposĂ© par son club.

  • Il a nĂ©anmoins participĂ© sans autorisation ni information prĂ©alable au tournage de l’émission Fort Boyard.

  • Durant cette Ă©mission, il a effectuĂ© des Ă©preuves Ă  risque (lutte dans la boue, saut catapultĂ© Ă  80 km/h pieds attachĂ©s), en contradiction avec sa blessure.

📌 Fondements de la faute grave

La cour a considéré que cette participation :

  • Constitue une activitĂ© acrobatique prohibĂ©e au sens du rĂšglement intĂ©rieur du club.

  • ReprĂ©sente un refus dĂ©libĂ©rĂ© de suivre les soins prescrits.

  • Met en lumiĂšre un manquement Ă  l’obligation de loyautĂ© et de subordination, en lien avec :

    • Les articles 15, 16 et 10.2 du rĂšglement intĂ©rieur ;

    • L’article 511 de la Charte du football professionnel.

En outre, le joueur a menti à son entraßneur au sujet de son état de santé et de ses activités, ce qui a aggravé son insubordination.

La responsabilité du club sportif ou du tiers organisateur de la compétition

Les clubs sportifs, dĂšs lors qu’ils organisent, encadrent ou contrĂŽlent l’activitĂ© de leurs licenciĂ©s, sont Ă©galement juridiquement exposĂ©s :

  • en tant que commettant du joueur fautif (responsabilitĂ© du fait d’autrui – art. 1242, al. 5 C. civ.) ;

  • ou sur le fondement d’un manquement Ă  une obligation de sĂ©curitĂ©, notamment s’ils n’ont pas correctement assurĂ© ou encadrĂ© l’évĂ©nement.

Cette obligation de sĂ©curitĂ© est une obligations de moyens et non rĂ©sultats, c’est Ă  dire que le club ou l’organisateur doit faire ses meilleurs efforts pour assurer la sĂ©curitĂ© des participants (ex. Cour de cassation, 9 mai 2019, n°18-18127).

Cette obligation couvre tant les manifestations sportives que les entrainements réalisés sous le controle du club.

Prenons pour exemple un arrĂȘt de la Cour d’appel de Toulouse rendu le 20 septembre 2023 (21/04615) dans le cadre d’une compĂ©tition de rugby universitaire.

M. [Z] [E], Ă©tudiant et joueur amateur, a Ă©tĂ© griĂšvement blessĂ© au genou lors d’un match de rugby universitaire organisĂ© par le CRSUT et la FFSU. Il invoque la faute des organisateurs pour avoir laissĂ© participer un joueur non licenciĂ©, M. [L] [W], joueur de niveau professionnel, ayant usurpĂ© une identitĂ©. Ce dernier, selon plusieurs attestations, aurait infligĂ© un plaquage particuliĂšrement violent Ă  l’origine du dommage.

La Cour rappelle que les organisateurs d’une compĂ©tition sportive sont tenus d’une obligation contractuelle de sĂ©curitĂ©, de prudence et de diligence (art. 1231-1 du Code civil). Si, en principe, cette obligation est de moyens, elle est renforcĂ©e pour les disciplines dangereuses comme le rugby.

La Cour relĂšve que :

  • M. [E] Ă©tait un joueur amateur ;

  • M. [W] disposait d’une formation de haut niveau (Top 14, FĂ©dĂ©rale 2) ;

  • la blessure est intervenue dans une phase de jeu (un plaquage) mais avec une intensitĂ© excessive compte tenu du niveau du match.

⚠ Le caractĂšre normal d’un acte sportif (ici, le plaquage) peut devenir fautif lorsqu’il excĂšde les standards admis Ă  ce niveau de jeu.

La thĂ©orie de l’acceptation des risques est Ă©cartĂ©e : un joueur amateur n’a pas Ă  accepter le risque d’affronter un joueur professionnel non identifiĂ© comme tel.

👉 Ce qu’il faut retenir : les clubs sportifs peuvent ĂȘtre responsables seuls ou conjointement avec l’auteur de la blessure, s’ils n’ont pas mis en oeuvre les mesures de protection nĂ©cessaires Ă  la protection des participants, lesquelles doivent ĂȘtre adptĂ©es et proportionnĂ©es par rapport au sport ET aux joueurs (Ăąge, aptitudes sportives…)

Anticiper le contentieux en adoptant les bonnes pratiques

 

Le comportement des joueurs, sur le terrain comme en dehors, engage directement la responsabilitĂ© disciplinaire et civile du club. Il est donc essentiel d’instaurer un cadre clair de conduite, accompagnĂ© de mĂ©canismes pĂ©dagogiques et rĂ©pressifs adaptĂ©s.

Pour cela, plusieurs bonnes pratiques s’imposent :

  • Adopter un code de conduite interne : Ce rĂšglement, signĂ© par les joueurs dĂšs leur intĂ©gration, doit rappeler les valeurs du club, les comportements attendus (respect des adversaires, de l’arbitre, des rĂ©seaux sociaux), et les sanctions applicables en cas de manquement

  • Inclure dans les contrats des clauses disciplinaires et de reprĂ©sentation : Ces clauses doivent prĂ©ciser les obligations de respect, les comportements proscrits (violence, dopage, propos discriminatoires), ainsi que les consĂ©quences contractuelles possibles (avertissement, mise Ă  pied, voire rupture anticipĂ©e pour faute grave)

  • PrĂ©voir des sĂ©ances de formation rĂ©guliĂšres : Elles permettent de sensibiliser les joueurs aux enjeux d’image, de harcĂšlement, de responsabilitĂ© numĂ©rique, ou encore de gestion du stress et de la frustration sur le terrain

  • Mettre en place une cellule de mĂ©diation ou un rĂ©fĂ©rent comportement au sein du club pour favoriser la gestion rapide des tensions internes et des conflits entre joueurs

  • Encourager l’auto-discipline et le leadership positif : Promouvoir des capitaines ou leaders d’équipe exemplaires, capables de recadrer leurs coĂ©quipiers et d’assurer la cohĂ©sion sans attendre l’intervention de la direction technique.

Responsabilité des sportifs et clubs sportifs : comment Halt Avocats vous accompagne

Nous auditons les contrats de sponsoring ou d’image afin de vĂ©rifier qu’ils intĂšgrent bien des clauses spĂ©cifiques :

  • Clauses de responsabilitĂ© et d’assurance,

  • Encadrement des activitĂ©s annexes ou hors compĂ©tition,

  • Sanctions disciplinaires internes.

La prĂ©cision rĂ©dactionnelle protĂšge le club comme le joueur, Ă©vite les conflits d’interprĂ©tation et facilite la rĂ©solution amiable en cas de litige.

Halt Avocats intervient en contentieux civil,  selon la nature de la faute :

  • Évaluation du prĂ©judice corporel ou financier,

  • Mise en cause ou dĂ©fense du joueur ou du club,

  • NĂ©gociation ou dĂ©fense contentieuse.

Halt Avocats

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Fort de leur expérience (+10 ans) et de leur polyvalence, nos associés sont devenus des acteurs incontournable dans le domaine du droit des affaires et des innovations. Leur engagement envers leurs clients est sans faille, leur professionnalisme est reconnu et leur expertise largement appréciée. Avec Halt Avocats, les entreprises peuvent compter sur un accompagnement juridique sur-mesure pour répondre à tous leurs besoins en matiÚre de droit des affaires et de technologies de rupture.