L’émergence du « crypto gaming », caractérisé par l’intégration de technologies blockchain et de jetons non fongibles (NFT) dans les jeux vidéo, redéfinit les notions traditionnelles de propriété et de monétisation des biens virtuels. Cette évolution soulève des questions juridiques complexes, notamment en matière de droits de propriété, de régulation des actifs numériques et de protection des consommateurs. En France, la loi n° 2024-449 du 21 mai 2024, dite loi SREN, introduit un cadre réglementaire spécifique pour les jeux à objets numériques monétisables (JONUM), marquant une étape significative dans la reconnaissance et la régulation du crypto gaming.
Le cadre juridique des biens virtuels dans le crypto gaming
La loi SREN et le régime des JONUM
La loi SREN établit un régime juridique pour les JONUM, définis comme des jeux en ligne permettant aux joueurs, moyennant une contribution financière, d’obtenir des objets numériques monétisables (ONUM) via un mécanisme de hasard, sans possibilité de gain monétaire direct. Ces ONUM peuvent être transférés à des tiers, mais leur rachat par l’éditeur du jeu est interdit .
Ce régime, en vigueur depuis le 22 mai 2024, impose aux opérateurs de JONUM une déclaration préalable auprès de l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ), ainsi que des obligations en matière de protection des mineurs, de prévention de l’addiction et de lutte contre le blanchiment d’argent .
Les implications pour les éditeurs et les joueurs
Pour les éditeurs, le régime des JONUM offre une reconnaissance légale de leurs modèles économiques basés sur les NFT, tout en les soumettant à des obligations strictes. Pour les joueurs, il clarifie les conditions d’acquisition et de transfert des biens virtuels tout en les protégeant (les mineurs, notamment, sont exclus de ces mécanismes de jeux).
Les enjeux du crypto gaming
La qualification juridique des NFT
Les NFT, en tant que représentations numériques uniques d’actifs, posent des défis en matière de qualification juridique. Sont-ils des biens meubles incorporels, des cryptoactifs au sens du Règlement MiCA ou des objets de collection numériques ? La réponse à cette question détermine le régime juridique applicable, notamment en matière de fiscalité et de protection des consommateurs.
La protection des consommateurs et des mineurs
Le crypto gaming expose les joueurs à des risques spécifiques, tels que la spéculation, les arnaques et l’addiction. La loi SREN impose des mesures de protection, notamment l’interdiction d’accès aux mineurs, la mise en place de mécanismes d’auto-exclusion et de limitation des dépenses, ainsi que des obligations de transparence sur les mécanismes de jeu.
Perspectives et recommandations
Vers une harmonisation européenne
La régulation du crypto gaming pourrait bénéficier d’une harmonisation au niveau européen, notamment à travers des initiatives telles que le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), qui vise à encadrer les crypto-actifs et les services qui leur sont associés. Une telle harmonisation permettrait de garantir une protection uniforme des consommateurs et de favoriser l’innovation dans le secteur.
Recommandations pour les acteurs du secteur
- Pour les éditeurs : assurer la conformité de leurs jeux avec le régime des JONUM, en mettant en place les obligations requises et en anticipant les évolutions réglementaires.
- Pour les joueurs : être vigilants quant aux conditions d’utilisation des biens virtuels et aux risques associés à la spéculation sur les NFT.
Conclusion
Le crypto gaming représente une évolution majeure dans l’industrie du jeu vidéo, offrant de nouvelles opportunités économiques et de participation pour les joueurs. Toutefois, il soulève également des nouveaux enjeux liés à la redéfinition de la notion de sous-jacent et de propriété. La loi SREN constitue une première réponse réglementaire en France, mais une approche concertée au niveau européen et international sera essentielle pour encadrer efficacement ce phénomène en pleine expansion.
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