En ce doux mois de juillet 2021, pendant que l’on bronzait dĂ©jĂ sur la plage, Nabilla Ă©tait condamnĂ©e Ă payer 20 000 euros dâamende par la DGCCRF, pour pratiques commerciales trompeuses.
En effet, la starlette de TV-rĂ©alitĂ© sâest un peu trop emballĂ©e sur le rĂ©seau Snapshat en proposant Ă ses followers dâinvestir dans le Bitcoin sur un site de trading dĂ©signĂ©.
La DGCCRF a dâores et dĂ©jĂ annoncĂ© que cette sanction ne serait que la premiĂšre dâune longue sĂ©rie visant Ă recadrer les influenceurs Ă©tourdis.
Le statut dâinfluenceur est devenu ces derniĂšres annĂ©es un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne.
Cependant, la « professionnalisation » des influenceurs et leur force de persuasion vis-Ă -vis d’un jeune public les placent aujourdâhui dans la ligne de mire des autoritĂ©s qui comptent bien remettre un peu dâordre dans tout cela.
On a pu lire sur l’internet que le statut d’influenceur nâest pas juridiquement dĂ©fini.
Câest faux !
Si aucun statut spĂ©cifique n’existe, lâinfluenceur professionnel est impactĂ© par les textes gĂ©nĂ©raux venant rĂ©glementer la publicitĂ© concernant certains types de produits ou certaines catĂ©gories de populations.
Influenceurs : attention aux rÚgles du code de la consommation
Lâinfluenceur exerce une activitĂ© professionnelle dĂšs lors quâil se fait rĂ©munĂ©rer pour ses placements publicitaires. Que cette rĂ©munĂ©ration soit directe ou indirecte (avantages en nature).
Soit il est sous la subordination de la marque qui « lâemploie », et il est dans ce cas « salariĂ© » (ou en tout cas, peut se prĂ©tendre comme tel lors d’une action en requalification en contrat de travail) ; soit il exerce sa prestation en toute indĂ©pendance, et il sâagit dâune convention commerciale de partenariat.
Dans ce dernier cas, lâinfluenceur professionnel doit respecter les rĂšgles du droit de la consommation lorsquâil sâadresse Ă des consommateurs, et notamment sâabstenir de toute pratique commerciale trompeuse ou dĂ©loyale.
La notion de âpratique commercialeâ en tant que telle n’est pas dĂ©finie dans le Code de la consommation mais dans la directive europĂ©enne n° 2005-29 du 11 mai 2005. Il sâagit de:
« toute action, omission, conduite, dĂ©marche ou communication commerciale, y compris la publicitĂ© et le marketing, de la part dâun professionnel, en relation directe avec la promotion, la vente ou la fourniture dâun produit au consommateur ».
Le Code de la consommation prévoit pour sa part une liste de pratiques commerciales présumées trompeuses (Articles L 121-2 à 4).
DĂšs lors que lâinfluenceur induit le consommateur en erreur en donnant lâimpression quâil nâagit pas en tant que professionnel rĂ©munĂ©rĂ©, la pratique commerciale trompeuse est constituĂ©e. De mĂȘme lorsque l’influenceur induit le consommateur en erreur sur les caractĂ©ristiques essentielles du contrat ou la gratuitĂ© du produit/service.
Mais la liste des agissements Ă©numĂ©rĂ©s est longue, trĂšs longue âŠ
On ne peut que conseiller aux influenceurs de faire valider le contenu de leurs présentations avant toute diffusion audio ou vidéo.
La DGCCRF a notamment motivé sa sanction contre Nabilla de la façon suivante :
Dans sa « story », lâinfluenceuse, suivie par plusieurs millions de personnes sur les rĂ©seaux sociaux, a omis de mentionner quâelle Ă©tait rĂ©munĂ©rĂ©e par les sociĂ©tĂ©s exploitant ce site pour en faire la promotion. Or, le dĂ©faut dâindication du caractĂšre publicitaire de sa publication (par un logo ou une mention orale ou Ă©crite par exemple) constitue une pratique commerciale trompeuse Ă lâencontre de ses abonnĂ©s qui peuvent croire Ă tort que la promotion de lâinfluenceuse rĂ©sulte dâune expĂ©rience personnelle positive dĂ©sintĂ©ressĂ©e.
Par ailleurs, dans cette « story », Nabilla Benattia-Vergara a allĂ©guĂ© de la gratuitĂ© du service proposĂ© par le site de trading, de la rĂ©cupĂ©ration systĂ©matique des sommes investies et de rendements pouvant aller jusquâĂ 80 % grĂące Ă leurs conseils. Ces propos sont de nature Ă induire le consommateur en erreur sur les caractĂ©ristiques du service et les rĂ©sultats attendus de son utilisation. En cela, ils relĂšvent, eux aussi, de la qualification de pratiques commerciales trompeuses.
On peut se demander quelles seront les consĂ©quences des sanctions Ă venir sur le pĂ©rimĂštre de la responsabilitĂ© des influenceurs. Par exemple, en cas de dĂ©fectuositĂ© du produit, le consommateur pourrait-il se retourner contre lâinfluenceur en supplĂ©ment de son action en responsabilitĂ© contre le vendeur ?
Influenceurs : attention à la rÚglementation financiÚre
En outre, certains produits « à risque » font lâobjet dâune rĂšglementation spĂ©cifique.
Câest le cas des produits financiers ainsi que des placements « sur actifs numĂ©riques », qui sont particuliĂšrement volatiles.
Le dĂ©marchage concernant les placements financiers et sur actifs numĂ©riques est fortement encadrĂ©, nĂ©cessitant dâavoir un statut spĂ©cifique.
La prise de contact doit cependant ĂȘtre individualisĂ©e : quâen est-il des influenceurs qui rĂ©pondent Ă leurs followers par le biais de messageries internes, comme sur Instagram par exemple ?
En outre, la publicité concernant certains produits particuliÚrement à risque (CFD, FOREX, contrats financiers) est interdite par voie électronique, depuis la loi Sapin II.
Or, il nâest pas rare de voir se dĂ©velopper, y compris sur les plateformes crypto les plus mainstream, des opĂ©rations de trading entrant dans la catĂ©gorie des placements prĂ©citĂ©s.
Et dâailleurs, la promotion des services sur actifs numĂ©riques est spĂ©cifiquement encadrĂ©e, depuis la loi PACTE.
Lâarticle L 222-16-1 du Code de la consommation interdit « toute publicitĂ©, directe ou indirecte, diffusĂ©e par voie Ă©lectronique ayant pour objet d’inviter une personne, par le biais d’un formulaire de rĂ©ponse ou de contact, Ă demander ou Ă fournir des informations complĂ©mentaires, ou Ă Ă©tablir une relation avec l’annonceur, en vue d’obtenir son accord pour la rĂ©alisation d’une opĂ©ration relative Ă (âŠ) La fourniture de services sur actifs numĂ©riques au sens de l’article L. 54-10-2 du mĂȘme code, Ă l’exception de ceux pour la fourniture desquels l’annonceur est agréé dans les conditions prĂ©vues Ă l’article L. 54-10-5 dudit code ».
Il faut savoir quâĂ ce jour le flou demeure sur ce que la DGCCRF considĂšre comme relevant ou non de « lâinvitation par un formulaire de rĂ©ponse ou de contact », la formulation de lâarticle Ă©tant suffisamment vague pour cibler de nombreux usages.
Sont concernĂ©es par ces interdictions et les sanctions associĂ©es tous les intermĂ©diaires dans la chaine de promotion et notamment « tout intermĂ©diaire rĂ©alisant, pour le compte d’un annonceur, une prestation ayant pour objet l’Ă©dition d’une publicitĂ© interdite ».
En outre, lâarticle L 222-16-2 interdit « toute opĂ©ration de parrainage ou de mĂ©cĂ©nat (âŠ) lorsqu’elle a pour objet ou pour effet la publicitĂ©, directe ou indirecte, en faveur » de services sur actifs numĂ©riques non agréés, la sanction pouvant aller jusquâĂ 100 000 euros dâamende.
Il y a donc de vrais risques pour lâinfluenceur, de sanctions financiĂšres et pĂ©nales.
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